La garde civique se trouvait alors sur le haut du Sart-Allet d'où elle apercevait les deux cavaliers Uhlans à 400 mètres.
Restant à l'abri du regard des deux cavaliers Allemands, la garde civique rebroussa chemin vers les Quatre-Bras en criant aux habitants: « mettez-vous à l'abri, les Allemands arrivent ! »
Venant de Charleroi, un side-car avec deux soldats français à bord, uniforme bleu et kaki, pantalon blanc et rouge descendaient eux aussi la chaussée de Fleurus, se dirigeant vers Soleilmont, Fleurus. Rencontrant la garde civique, ceux-ci prévenaient les deux soldats français de l'arrivée des Allemands. Les soldats français retournèrent vers Charleroi.
L'après-midi, les soldats allemands arrivèrent en nombre cette fois. Le soir ces soldats prirent logement chez l'habitant, visitant les immeubles de la chaussée de Fleurus.
Les parents font obligatoirement dormir les enfants sur les paliers d'escaliers.
C'était l'invasion de notre région par les troupes du Kaiser, ils sont nombreux à la place Saint-Rémy, où un soldat allemand prend un enfant sur les jambes et lui offre une saucisse. Plus tard l'enfant habitait Gilly-Corvée. De ce côté, pas d'autre incident ! Le lendemain, la troupe reposée ne tarde pas et disparaît.
La famille Gérard Marcel. Chaussée de Châtelet à Gilly. Son grand-père était propriétaire d'une ferme à la rue de la Lune à Gilly où les troupes allemandes du Kaiser stationnèrent.
Arrive alors un officier blessé, qui sollicite l'aide de ma mère, alors qu'il se soignait lui-même, ensuite, un soldat lui fit une demande, ma mère, ne comprenant pas l'allemand, demanda alors : « Qu'est-ce que c'est : » aussitôt, le soldat furieux et vociférant se lança sur ma mère, l'officier hurlant l'arrêta net ... Cet officier remit à ma mère une attestation de recommandation et un moment plus tard, les civils devant eux, ils partaient vers Gilly Haies et la rue du Calvaire. L'officier et quelques soldats étaient Lorrains, (Alsace) parlaient le français et étaient rassurants.
Emmanuel De Behr, greffier adjoint près du tribunal de Charleroi, demeurant 41 chaussée de Bruxelles à Jumet, fait la déclaration suivante : « Le 22 août, vers 8 heures 30', ma porte fut enfoncée par les soldats, cinq ou six fusils étaient braqués sur moi. Je fus empoigné brutalement et lancé au milieu de la rue. Il en fut de même de ma femme, comme je la retenais, elle fut arrachée de mes bras et tomba évanouie. Avec d'autres citoyens, je fus placé en tête des troupes. Le groupe de civils était entouré d'une corde et c'est de cette manière que nous fûmes conduis à Gilly (Hauchies). Les Prussiens nous firent agenouiller sur le pavé pendant une demi-heure, nous crachèrent à la figure et lancèrent leurs baïonnettes vers nous. Plusieurs en furent atteints. Quelques instants après survint un chef qui me rendit la liberté avec huit ou neuf autres otages ».
L'Infortune de la famille Barbiaux : le même jour, le 22 août 1914, des troupes allemandes tenant devant elles des civils, montent la rue des Hauchies (celui-ci ne peut être que le groupe précédant) et par la rue Saint-Bernard et la chaussée de Lodelinsart arrivent à la hauteur de la rue Tourette. L'immeuble qui forme l'angle de cette rue et la chaussée de Lodelinsart (côté bas) est la boulangerie de mon oncle Jean-Rémy Barbiaux où mon père travaille plutôt en famille.
À la hauteur de notre boulangerie, les Allemands nous réclamèrent avec insistance des boissons et de la nourriture.
« Je n'avais que deux ans à peine, ma mère m'ayant dans les bras, s'était enfouie dans la paille au-dessus de l'écurie qui se trouvait dans le prolongement de la boulangerie à la rue Tourette. L'incendie, par chance, ne parvint pas jusqu'à nous ! La troupe qui maintenait constamment les otages devant elle, s'en alla par la rue du Calvaire où elle mitrailla les façades, les fenêtres, les portes... alors que par la rue des Sept Actions, des Uhlans chargeaient des soldats français vers le Warmonceau. Notre métier persista, moi-même ayant tenu une boulangerie à la chaussée de Ransart entre le maréchal-ferrant, M. Brabant, et son homologue Prosper Veny rue du Réservoir ».
Gilly-Haies | L'Église Sainte-Barbe place des Haies. |
De Mme Descamp, chaussée de Montignies à Gilly, née en 1912 : « J'étais très jeune, mais ce que je retiens de mes parents est démentiel. Ainsi, chez Mme Pichener un peu plus bas que chez nous, immédiatement après le garage Citoën (Coenen) (cette dame était la tante de l'instituteur Vandendriese de Gilly) où les Allemands exigèrent que Mme Pichener jette son bébé dans la citerne. L'enfant décéda presque instantanément. Désemparées bien des mères se cachaient dans leur citerne. (Trois tués jetés dans leur citerne) (immeubles longeant l'autoroute, chaussée de Montignies à Gilly, appelée jadis cour Van Hamme ». Le viol était aussi en évidence, une jeune dame prenant son travail chez la famille Gérard à la rue de La Lune à Gilly. La famille, qui habite le quartier, préfère garder le silence (1992).
« Je me souviens, en 1922, j'avais dix ans, les immeubles situés à partir du deuxième virage de la chaussée de Montignies en venant de Gilly, des deux côtés, étaient encore sinistrés, alors qu'ils avaient été en partie incendiés jusqu'à Montignies-sur-Sambre pendant la guerre. Là non plus, pas de recensement ... »