1914 - L'INVASION ALLEMANDE - 1918



 

9. PAYSAGE DE MAI 1940

Ces horreurs vécues par nos familles ne s'oublièrent jamais. Faire sauter la serrure de la douleur, insurmontable.
L'évocation de ses souvenirs déchirants, poussèrent les suppliciés de jadis et de nombreuses générations à fuir par centaine de mille par les chemins de l'exode.

Anecdote :
(famille Detrie) Nos grands-parents paternels habitaient Ransart « Pont Malaise », leur ménage compta vingt et un enfants.
Sans raison aucune, notre grand-père fut découvert sans vie, assis sous un poirier, alors qu'il maintenait encore une bouteille de Chassart entre les jambes.

Fin novembre 1918, ce fut l'euphorie de la paix retrouvée.

La vie normale revenue et après les cérémonies officielles, la population se dédommagea de quatre années de peines, de terreurs et de privations par une effervescence extrême. Un exemple en est rapporté par la gazette de Bruxelles du 2 octobre 1919 sous le titre « Scène folklorique ».

Les coutumes maroliennes se répandent dans le pays. La société des Nations tardant à faire exécuter le Kaiser, les habitants des communes viennent à leur tour, de procéder à son exécution.

Après avoir habillé en grand officier et promené dans les rues, le mannequin du Kaiser a été amené près d'un échafaud où se trouvait un exécuteur de hautes oeuvres. Après une courte délibération du jury, le Kaiser fut condamné à être décapité séance tenante. La hache lui trancha nettement le cou où se trouvait une vessie remplie de sang de porc qui jaillit de tous côtés, au milieu des hourras indescriptibles !

La tête détachée entraîna avec elle un chapelet de navets, de tranches de rutabagas et pelures de pomme de terre symbolisant le rationnement alimentaire. « Chez nous la fête se passa sur la place Saint-Rémy, communément appelée à l'époque place du Village »